COMPLÉMENT EUPHONIE POSITIVE


Voici quelques exemples, créés artificiellement pour la démonstration, d'euphonie positive obtenue par choix des sonorité Partout l'on voit surgir// dans le faisceau des branches
Sa gentille frimousse// aux longs cheveux d'ébène.
L'éphélide en points roux// tachette sa peau blanche.
Ses prunelles noisette// irradient son visage.


Ces vers présentent 3 e syllabes asthéno-toniques en fin de vers au total sur les 4 vers, 2 élisions au niveau de la césure, néanmoins 6 syllabes biconsonantiques sur 39 syllabes monoconsonantiques, 3 e post-accentuels à l’intérieur des vers.

Las/ au feu je condamne// ainsi mon vers épique
Dilatant rhétorique// et logorrhée futile.
Vainement je m’épuise// en un genre uniforme
Pour éviter l’emphase// et la fade hyperbole
Car l’odieux Musagète// en riant m’abandonne.


Ces 5 vers artificiels composés pour illustrer les facteurs de l’euphonie comportent

-uniquement des césures en élision
-uniquement des e asthéno-toniques en fin de vers
-aucun e post-accentuel à l’intérieur d’un syntagme
-7 élisions au total
-aucun phonème à consonne multiple
-uniquement des phonèmes formant une succession consonne voyelle
-un grand nombre de consonnes douces

Par ailleurs, nous ne devons pas oublier - ce qui est hors de notre propos dans ce chapitre - que, pour un texte poétique, la fluidité dépend également de la métrique, traitée dans un article indépendant.

L'euphonie positive est également consécutive de la place et de la distribution des homophonies dans le texte, en particulier dans le texte poétique. Les rimes (en fin de vers ou léonine au niveau de l'hémistiche) et les assonances en sont un exemple pour la poésie. Cet aspect sera traité dans un autre article.

Cas des cacophonies considérées comme effet positif

Il est parfois convenu de considérer que les cacophonies peuvent concourir à des effets spécifiques d'évocation, des effets de scènes violentes, heurtés pour les cacophonies consonantiques, des effets langoureux pour les cacophonies vocaliques. Nous pensons au contraire que le prétexte de cette correspondance expressive ne gomme pas l'effet négatif des cacophonies.

Par ailleurs cette proposition paraît très peu refléter la réalité littéraire dans la mesure où l'on cite sempiternellement le même exemple, le vers de Racine dans Andromaque:

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes

Et justement sur cet exemple, nous pouvons montrer qu'il est possible d'imaginer un exemple évocatif sans aucune cacophonie:

Ces longs serpents sifflant au noir souffle assassin.

Alors que le vers de Racine permet d'aligner une suite de 5 s (engendrant 2 cacophonies successives), le vers que nous proposons en aligne 6 sans aucune cacophonie.