Poème épique de Claude Ferrandeix évoquant la visite du sage Solon à Crésus, roi de Lydie.
Solon rendit visite" à Crésus en Lydie.
Voici comment le Grec" fut reçu par le Roi.
«Solon' sois bienvenu" dans mon riche royaume.
Je vais accompagner" tes pas en ma demeure.
Dès lors tu jugeras" de ma haute valeur
Mais je veux que sans fard" tu puisses m’estimer.
Le palais que tu vois" est un butin guerrier.
Mes tailleurs à Lesbos" ont taillé les colonnes.
Mes sculpteurs à Byblos" ont ouvré les solives.
Carreleurs étoliens" mosaïstes mysiens
L’ont décoré partout" l’ont partout façonné
De reflets chatoyants" et d’éclats rutilants
Tesselles en or' jais' lapis' turquoise' argent.
Là sont tous les trophées" que j’ai pris aux Cariens
Qu’aux Mèdes j’ai ravis" sur l’écumeux Halys.
J’ai des caves remplies" de précieux minerais
Plus que ne fournirait" en cent ans le Pangée.
Ne doit-on convenir" que c’est digne d’éloges?»
«Ô roi tu me parais" un monarque puissant
Pardonne-moi pourtant" car je ne puis comprendre
Si tu veux qu’envers toi" j’éprouve admiration
Pourquoi sans retenue" tu montres ces richesses.
Plutôt ne devrais-tu" les cacher à mes yeux»
«Te les cacher? Pour quelle raison" par Cybèle?»
«Si ta faiblesse était" Crésus' l’ivrognerie
La débauche insensée" l’intempérance aiguë
Sans doute essaierais-tu" me recevant un jour
De camoufler au mieux" ton orgie de la veille
Les cotyles brisés" les tables renversées.
Tu ne montrerais pas" avec cette fierté
Les mauvais traitements" qu’emporté par Liber
Tu fis subir alors" à tes serveurs fidèles.
Sûrement en ce cas" de peur que je les visse
Loin sous l’ergastérion" tu les enfermerais.
Mais au contraire ici" tu m’exhibes un luxe
Justement qui trahit" ton condamnable orgueil»
C’est ainsi que Solon" fut chassé par Crésus.
La Saga de l’Univers - Claude Fernandez - Éditions Sol’Air - © Éditions Sol’Air - 2007