LE DÉFI D’HAROUN-AL-RACHID

Poème épique de Claude Ferrandeix évoquant les divers aspects de la Perse au Moyen Âge: le calife Haroun-al-Rachid, la mosquée, le harem, l’oasis dans le désert, le souk, la medersa.


LE DÉFI D’HAROUN-AL-RASHID

«La prospérité règne" en mon immense empire.
Mes coffres sont remplis" de sequins' de lingots.
Mes amples magasins" de richesses débordent.
Mes celliers sont garnis" des plus fines denrées.
Mes fastueux palais" croulent sous l’opulence.
Dans la suite infinie" de leurs salles et chambres
L’on chercherait en vain" paroi' plafond' plancher
Qui ne fût occupé" qui ne fût recouvert
De sofas' divans' lustres ou caissons' tapis.
L’on chercherait en vain" baie' lucarne' ouverture
Qui ne fût embellie" décorée' magnifiée
De rideaux en Dâbik" de voiles en Wasit.
Mon sarîr est gemmé" de saphirs et topazes
Ma couronne enchâssée" de perles et rubis.
Dans mes vergers lon voit" des arbres en argent
Dont la branche est perchoir" de loriots mécaniques.
Je possède en mon parc" un bassin de mercure
Dont l’onde moirée porte" un vaisseau de platine.
Pourtant je m’alanguis" blasé' désabusé.
Mes fous et mes bouffons" n’inventent pitrerie
Qui déride mon front" de sa mélancolie.
Mes danseuses mimant" les divines houris
Ne savent plus trouver" de posture impudique
Pour chasser de mon cœur" l’insipide atonie.
Les bêtes enchaînées" dans la ménagerie
Ne peuvent égayer" mon humeur taciturne.
L’agonie des chevreuils" que mon poignard achève
Les râles des faisans" transpercés par mes flèches
N’engendrent plus en moi" de subtile jouissance.
Je n’ai plus soif ni faim" je n’ai plus d’appétence
Pour les mets délicats" les boissons délicieuses.
Nul désir' nulle envie" n’embrasent plus mes sens.

Vous' mes bons conseillers" dites-moi sans nul fard
Comment je puis le mieux" de mon trésor user
Pour donner goût de vivre" à mon âme lassée
Pour honorer mon nom" ma grandeur' ma splendeur.
Vous' mes bons conseillers" dites-moi sans nul fard
Quel grandiose projet" pourrait hausser ma gloire?»

Ainsi' dans son palais" parle Haroun-al-Rashid
Calife à Bagdad' maître" honoré sur la Terre
De Kairouan à Fustat" de Kaboul à Damas.

*

Abu-Nûwas' poète" en premier répondit
S’adressant au calife" en propos avisés.

«Par Allah qui voit tout" Commandeur des Croyants
Mon prince' augmente encor" ta puissance et ton nom.
Par ton empire envoie" cent négociants fidèles
Qui te rapporteront" cent belles concubines
Slave à la chair laiteuse" aux cadenettes blondes
Comme noire Abbyssine" aux carnations d’ébène
Chinoise à la peau jaune" aux yeux bridés étranges
Cyrénienne au teint mat" aux fins cheveux bouclés.
Dans le secret harem" enferme ces beautés
Dont seul tu pourras jouir" solitaire et jaloux.

Mon prince' enivre-toi" par l’amour et l’encens.

Le suprême trésor" du plus grand souverain
N’est de marbre ou d’argent" ni d’or' mais de chair vive.
Rien ne peut surpasser" en élégance' en charme
Ces doux fruits palpitants" ces frémissantes fleurs.
Ton insatiable corps" sans frein s’en grisera.
Le soir quand tout se tait" par le moucharabieh
Pupille dilatée' le souffle court' tremblant
Tu viendras contempler" ces nudités promises.
Dans l’intime lueur" du gynécée profond
S’immiscera' curieux" ton regard scrutateur.
Puis tu pénètreras" par le seuil dérobé
Tu parcourras' fiévreux" le mystérieux dédale
Des couloirs sinueux" des boyaux tortueux
Tels canaux utérins" tels vaginaux conduits
L’infinie succession" des seuils' des embrasures
Tels sphincters et méats" s’ouvrant' se refermant.
Tes mains effleureront" les surfaces visqueuses
Des cavités forées" en ovarienne forme.
L’atmosphère embuée" par le bain des hammams
Le puissant élixir" des femelles fragrances
Les fugaces reflets" dans les miroirs diaphanes
Transporteront ton âme" exciteront tes sens.
Tu saisiras le bras" de l’odalisque en transe.
Par des soupirs captieux" tu l’apprivoiseras.
Les aquatiques jets" au fond des vasques fraîches
Couvriront de leur chant" la tendre oaristys.
Puis lorsqu’elle sera" confiante et relâchée
Tu la dévêtiras" de sa qal’a soyeuse.
Tu la caresseras" tu la possèderas.
Quand soudain jaillira" ta semence précieuse
Dans le mystérieux puits" de son ventre fécond
L’orgastique puissance" irradiera ton corps
Moment suprême' intemporel' sublime' unique.
Tu seras un instant" l’universel démiurge
Détenant l’Absolu" Vérité Supérieure.
Chaque nuit tour à tour" les nubiles beautés
Passeront par tes bras" sans jamais te lasser.
Toutes adoreront" ta violence virile
Toutes vénéreront" ta mâle véhémence.
Tu les honoreras" mais si l’une au contraire
Ne te veut satisfaire" affirme son dédain
Que ton sabre acéré" pourfende alors son flanc.
Sa chair si parfumée" deviendra pourriture
Dont se rassasiera" le charognard immonde.

Par tes amours naîtront" de nombreux et beaux fils
Perpétuant ta race" aux périodes futures.
Sire' ainsi' tu seras" en eux toujours vivant»

«Que tu sois remercié" poète Abu-Nuwas
Pour tes sages propos" dignes d’un grand esprit.
Qui voudra parmi vous" relever le défi?»

*

Khâl Ibn Sammâk' vizir" en second répondit
S’adressant au calife" en propos avisés.

«Par Allah qui voit tout" Commandeur des Croyants
Mon prince' augmente encor" ta puissance et ton nom.
Sire' imagine l’oued" qui flue dans le désert
L’oued' veine tellurique" affleurant sur le sol.
Quelques dattiers serrés" auprès de lui se penchent
Comme pour susurrer" de leurs palmes tendues
Leur muette prière" à l’onde vivifiante.
L’eau' rarissime don" surpassant or' diamants
Fait germer sur la rive" abricotiers' figuiers
Mais la fraîche oasis" dans l’ étendue stérile
N’est qu’un point minuscule" ignoré' solitaire.
La source maigrelette" inutilement coule.
Dès qu’elle naît au jour" la voilà qui se meurt
Sous le rayon torride" évaporant son flot
Car nulle experte main" ne vient la détourner
La capter' la guider" par d’ingénieux canaux
Dans la vaste citerne" où les milliers de bouches
Sans fin s’abreuveraient" sans l’épuiser jamais.
Si tu le veux demain" dans ce désert naîtra
L’opulente cité" que jamais n’érigea
Monarque bâtisseur" depuis l’an de l’Hégire.
Si tu le veux demain" le jardin minuscule
Deviendra vaste champ" de blé' d’avoine et riz.
La mouvante barkane" enserrée de mayens
Sera stabilisée" fixée' puis cultivée.
Le vent' sculpteur patient" des rochers suspendus
Se verra surpassé" par l’habile architecte.
Partout s’édifieront" partout s’élèveront
Kubbas de boue séchée" coupoles émaillées.
Partout s’activeront" partout s’agenceront
Les puits à balanciers" les norias à godets.
La source apprivoisée" de qanats en tunnels
Franchira la kesria" peigne géant' mâchoire.
L’onde ainsi par ses dents" formera des rations
Que le Maître aquatique" attribuera pour tous.
Le silence éternel" sera pulvérisé
Par l’intense clameur" du souk et du fondouk.
Chameaux transportant l’orge" ânes chargés de sel
Charrois et méharis" convois et caravanes
Partout se croiseront" sur les rues et les pistes.
Les produits' les denrées" s’étaleront partout
Macarons farineux" loukoums sucrés' pâteux
Soieries de la Caspienne" et tissus de Mossoul
Bois précieux de Nubie" poteries de Rhagès
Grès de Semarra' narguilés' aquamaniles
Poufs' tapis et couffins" du Xinjiang' Turkestan
Papiers et parchemins" de Samarkand' Buqaraq
D’Arabie les cotons" et les perles d’Oman
La fourrure et les peaux" du Niepr' de la Volga...
Sous le treillis des joncs" tamisant les rayons
La foule des chalands" côtoiera les marchands
Les crieurs' les courtiers" les agents de la douane.
Sequins' dirhems' dinars" tinteront dans les bourses.
Pauvreté refluera" devant Prospérité.

Sire' ainsi pour toujours" ton nom se répandra.
Le sauvage bédouin" qui ne connut jamais
Logement de moellons" de briques et torchis
Découvrant ta cité" croira voir' ébloui
Le rêve halluciné" d’un fabuleux mirage»

«Que tu sois remercié" vizir Khâl Ibn Sammâk
Pour tes sages propos" dignes d’un grand esprit.
Qui voudra parmi vous" relever le défi?»

*

Dja’bir hayân' imam" le troisième intervient
S’adressant au calife" en propos avisés.

«Par Allah qui voit tout" Commandeur des Croyants
Mon prince' augmente encor" ta puissance et ton nom.
Parmi les créations" la suprême sur Terre
C’est l’hommage au Vrai Dieu" la mosquée féerique
C’est l’insigne splendeur" joyau du monde arabe
Le grandiose labeur" d’éminents ingénieurs
D’habiles artisans" d’artistes supérieurs
Que pourraient élever" tes fidèles sujets
Constructeurs' décorateurs' sculpteurs' maallems.
Peux-tu imaginer" cette sublimité?
Contemple avec orgueil" les brillants minarets
Qui transpercent l’azur" comme argentines lances.
Tels bagues s’ajustant" sur un doigt gigantesque
S’étagent les anneaux" des balcons dentelés
D’où le patient muezzin" jette son appel rauque.
Traverse une esplanade" aux portiques légers.
Dans les bassins clairs' Sire" admire' émerveillé
L’iridescent reflet" des coupoles oblongues.
Pénètre par l’iwan" dans le cœur du sanctuaire.
Vois l’immense forêt" des colonnes galbées
Le contour élégant" de l’arc outrepassé
Les doubleaux alternant" leurs voûtains blancs et noirs
Les muqarnas pendant" par-dessous les corniches
Stalactites en teck" en santal' amourette
L’escalier du minbar" aux degrés de cormier
D’où le fervent khâtîb" vient déclamer son prêche
La niche du Mihrâb" aux colonnes d’opale
D’où le mystique imam" dirige la prière
Des orants dévotieux" devant le mur kibla.
Pourrais-tu' Sire encor" imaginer partout
Jeté sur les parois" par un génie fantasque
Le filet minéral" des zelliges d’émaux
Dont la trame diffuse" indéfiniment court
Tsaft' maqtoub' quandil' taksira' yajoura' qtib
Lapis' jaune' outremer' bleu turquoise' orangé
Tulipe' œillet' lilas' tulipe' œillet' lilas
Metwa' zfar' idalet' zouaqa' mqarmat' kas.
L’on croirait ce réseau" dendritique écheveau
Toile énorme tissée" d’une araignée cosmique.
L’on croirait ces caissons" géantes alvéoles
Trismégistes rayons" de ruche galactique.
Sire' imagine aussi" recouvrant ces plafonds
Les prismes lamés d’or" concaves et convexes
Le maillage des champs" des motifs' sujets' thèmes
Semblable et similaire" unique et différent.
Partout se ramifient" les zigzagantes lignes
D’angles droits' sortants' rentrants' obtus' plats' aigus
Dièdres superposés' masqués' enchevêtrés
Nœud' trait coufique' entrelacs' gab' myel' mdrisiya
Gouttes et pendentifs" bâtonnets et chaînettes
Bandes s’entremêlant' s’étirant' se gonflant
Croisées' décroisées' torsadées' lovées' courbées.
Fascinant algorithme" obsédant assemblage
Qui déroule sans fin" ses replis' ses méandres
Maqtoub' tsaft' quandil' taksira' yajoura' qtib
Lapis' jaune' outremer' bleu turquoise' orangé
Tulipe' œillet' lilas' tulipe' œillet' lilas
Metwa' zfar' idalet' zouaqa' mqarmat' kas.
Dans ce treillis serré" pas de lieu' de parcelle
Que ne vienne combler" point' facette ou volume.
Dissymétries' symétries' similarités
Scansion vertigineuse" harmonie prodigieuse
Répétitivité" constituant procédé
Jeu magique' illusion' prestidigitation
Densité' rigueur' complexité' profusion
Devenant théorie' canon' dogme' esthétique.
L’esprit géométrique" ici règne partout
Niant avec orgueil" toute figuration
Pour se déployer' pur" en abstraite beauté.

Pour l’avenir ainsi" dans l’émail des zelliges
Ton souvenir vivant" demeurera fixé.
Quand auront disparu" califats' émirats
Dans ce lieu désertique" un inconnu viendra.
Saisissant un fragment" du cailloutis informe
Lors il déchiffrera" bouleversé' tremblant
Ton patronyme insigne" indélébile trace.
Ne deviendra-t-il pas" le monarque suprême
Celui qui pour Allah" construira ce joyau?
N’en retirera-t-il' réputation' gloire' honneur?»

«Que tu sois remercié" Dja’bir hayân' imam
Pour tes sages propos" dignes d’un grand esprit.
Qui voudra parmi vous" relever le défi?»

*

Abou Youssouf' docteur" le quatrième dit
S’adressant au calife" en paroles sensées.

«Par Allah qui voit tout" Commandeur des Croyants
Mon prince' augmente encor" le savoir des Persans.
Tu seras honoré" comme nul souverain
Si tu fais ériger" dans la vaste Bagdad
L’immense medersa" mangnifiant ta grandeur.
Ses murs seront exempts" de frivole ornement.
Nulle couleur captieuse" ou forme fallacieuse
N’y pourront détourner" de sa méditation
L’âme éprise d’Amour" de sainte érudition.
Dans une salle austère" isolée du vain monde
Le kuttab copiera" le Coran' les hadith.
Là' règne intelligence" et discipline docte
Qui proscrit l’évasion" les divertissements
Dérèglement des sens" de l’imagination.
Le sage étudiera" les ouvrages savants
De Shafi' d’Ibn Hanbal" Musnad et Risala
Son jugement' sa foi" s’affineront' mûris
Par le fikh des cadis" l’étude juridique.
Le zélé traducteur" exhumera les œuvres
De Porphyre et Plotin" d’Aristote et Jamblique.
Mathématique' astronomie' géographie
Sollicitent respect" et considération
Plus qu’épigramme creuse" ou pompeuse épopée.
L’apologue vaut mieux" qu’arabesque insensée.
La modeste sourat" contient plus de raison
Que fausse création" de l’artiste orgueilleux.
Connaissance objective" et profond mysticisme
Raffermissent l’esprit" fortifient la vertu.

Prince' édifie bientôt" la vaste medersa.
Par cela tu seras" un calife admiré»

«Que tu sois remercié" docteur Abou Youssouf
Pour tes sages propos" dignes d’un grand esprit»

*

«Ô' très saint Tell-Mahré" tu langue est restée coite.
Ne relèveras-tu" le défi proposé?»

Tell-Mahré' le très saint" par ces mots répondit

«Par Allah qui voit tout" Commandeur des Croyants
Mon prince' augmente encor" ta générosité.
Sexuelles voluptés" sont illusions fugaces
Ne durant qu’un instant" mortes sitôt que nées.
Quand t’abandonnera" cet influx t’abusant
L’érotique attraction" de la chair mensongère
Sera soudainement" répugnante aversion.
Tu seras humilié" rempli de confusion.
L’étourdissant coït" alors te paraîtra
Mécanique primaire" abjecte et ridicule.
Songe aux machinations" complots' intrigues viles
Que l’aveugle désir" ne manque d’exciter.
Songe que ta maîtresse" ornement de tes nuits
Beauté parée de soie" de pierreries et perles
Risque un jour de finir" dénudée' mutilée
Dans la boue de l’Euphrate" au milieu des charognes.
Las' n’oublie pas Mansour" et les cinquante nègres
Que Schariar a surpris" outrageant son harem.
Si le vin' si la chair" enivrent ton esprit
Ne vas-tu négliger" les devoirs de calife?
Débauche et corruption" dépraveront la cour.
L’anarchie gagnera" tes villes opulentes.
Le vizir ambitieux" dès lors t’évincera.
D’avides régisseurs" détourneront tes biens
De fourbes prétendants" renverseront le trône.

Quant au négoce impur" il pervertit l’esprit.
Sache bien que la traite" engraisse l’aigrefin.
L’appât de l’or attise" envies et jalousies.
Le nanti s’enrichit" par la sueur du pauvre.
Songe au malheureux sort" du peuple miséreux.
L’indigent paysan" croule sous le kharadj
Les Zendjs nus sont ployés" dans le Tigre vaseux.
Pense au fellah courbé" vers le sol nourricier.
Tes coffres sont remplis" quand sa bourse est vidée.
Vois toutes les douleurs" à travers ton royaume
Le bédouin jamais las" dans sa demeure en peaux.
L’âne' aveugle martyr" jusqu’à la mort souffrant
Meut inlassablement" la roue de la noria.
Vois l’étique chameau" qui brave les déserts
L’impassible seigneur" insensible' impavide
Parcourant l’erg brûlant" de son pas lent et sûr.
Le voici brusquement" foudroyé' vaincu' mort
Tandis que le convoi" l’abandonne aux ibis.

Crois-tu qu’une mosquée" parée de céramique
Satisferait Allah" prônant l’humilité?
Malheur au souverain" pour sa gloire élevant
Plus de hauts minarets" que n’en compte La Mecque.
Le Prophète aimait-il" prier sous les arcades?
Posait-il ses genoux" sur l’émail des bejmâts
Quand' démuni' pieds nus" vers Médine il dut fuir?

Crois-tu que valent mieux" les docteurs pontifiant?
Plus sage est l’ignorant" que le cuistre savant.
Partout les medersas" fomentent controverses
De religieux dévots" mus par le fanatisme.
Chiites sédicieux " contre mutazalite
Malékisme' asharisme" et dogme des zaydites
Sapent l’hégémonie" du pouvoir califal.
Crois-tu que le Prophète" approuverait l’excès
Des sectes s’affrontant" pour de puériles causes?
L’absconse logorrhée" des mystiques soufis
N’est-elle chimérique" et fumeux ergotage?
Le Coran' livre saint" de la Révélation
Fut-il jadis créé" n’est-il pas incréé?
Crois-tu que le Prophète" ait souci de ces thèses?
Dans sa tombe sans doute" il en rit de bon cœur.
Mais que vaut le savoir" oubliant modestie?
Que vaut la science aride" éliminant conscience?
Que vaut l’érudition" négligeant compassion?
Prince' il n’est de vertu" que dans la charité»

«Ô très saint Tell-Mahré" toi seul connaît la voie
Du Vrai' du Grand' du Beau" conduisant au Salut.
Sans plus tarder' vizir" va quérir tous mes coffres.
Distribue les sequins" les dinars' les dirhems.
Je veux de mon trésor" honorer tous les pauvres»

La Saga de l’Univers - Claude Fernandez - Éditions Sol’Air - © Éditions Sol’Air - 2007